La quête d'absolu s'accorde mal aux convenances hypocrites en vigueur
dans la haute société pétersbourgeoise de cette fin du XIXe siècle. Anna
Karénine en fera la douloureuse expérience. Elle qui ne sait ni mentir
ni tricher - l'antithèse d'une Bovary - ne peut ressentir qu'un profond
mépris pour ceux qui condamnent au nom de la morale sa passion adultère.
Et en premier lieu son mari, l'incarnation parfaite du monde auquel il
appartient, lui plus soucieux des apparences que véritablement peiné par
la trahison d'Anna. Le drame de cette femme intelligente, sensible et
séduisante n'est pas d'avoir succombé à la passion dévorante que lui
inspire le comte Vronski, mais de lui avoir tout sacrifié, elle, sa vie
de femme, sa vie de mère. Vronski, finalement lassé, retrouvera les
plaisirs de la vie mondaine. Dans son insondable solitude, Anna, qui ne
peut paraître à ses côtés, aura pour seule arme l'humiliante jalousie
pour faire vivre les derniers souffles d'un amour en perdition. Mais sa
quête est vaine, c'est une "femme perdue".
Après 3 semaines de lecture, j'ai enfin terminé le livre. J'ai beaucoup aimé cette lecture, même si je commençais à la trouver un peu longue sur la fin.
J'ai eu un énorme coup de cœur pour l'écriture du livre. On m'a toujours dit que l'auteur avait une belle plume, et je peux enfin le confirmer. Il a un style sobre et élégant. Il n'y a pas trop de descriptions, et les discussions sont très vivantes. De plus, l'auteur met beaucoup d'ironie dans son livre, et cela m'a énormément amusée. Toltoï capture à merveille les émotions de ses personnages, ce qui m'a permit de ressentir tout ce que ses personnages vivaient.
J'ai un petit point négatif toutefois. Bien qu'il n'y ai pas de grosses descriptions, par moments j'avais du mal à comprendre certaines choses. Je lisais sans vraiment comprendre, en attendant d'arriver à un passage plus "intéressant". Par exemple, vers la fin du livre, Levine, Wronsky et Oblonsky se retrouvent dans une sorte de conseil. Je n'ai absolument pas comprit ce qu'ils faisaient mais j'ai continué en attendant de passer à autre chose.
J'ai été un peu rebuté au début sur la relation qu'entretiennent les personnages entre eux. Par exemple, la relation entre
Oblonsky et
Lévine me dégoutait car elle est hypocrite. Ils pensent différemment, vivent différemment, aiment des choses opposées, etc...Ils prennent parfois un air condescendant l'un envers l'autre à cause de ça mais, au fil des pages je me suis rendue compte qu'ils s'aimaient sincèrement tout de même.
la relation qu'entretient Lévine et ses frères est la même. Ils restent courtois même s'ils savent qu'ils ne s'entendront jamais dès qu'ils parleront de leur opinion sur la société.
Dans l'ensemble, j'ai aimé tous les personnages. J'ai eu un coup de cœur pour Kitty et Lévine, car ce sont deux personnes naïves dans leur vision de l'amour. On les voit souffrir et se relever, pour malgré tout se marier alors que rien ne les prédestinait ensemble.
Oblonsky est montré rapidement comme un homme bête qui veut à tout prix sauver son honneur lorsque sa femme apprend qu'il l'a trompé. Peu à peu dans le livre, j'ai appris à l'aimer car il est énormément touchant (bien que ça me fasse mal au cœur pour sa femme).
Alexis Alexandrovitch m'a également beaucoup touché. Pas une seule fois je ne l'ai vu comme sa femme le voyait. C'est un homme sensible dont son amour n'est pas réciproque.
Dès le début, je n'ai pas aimé le comte Wronky, mais sur la fin je m'y suis également attaché. Ses souffrances l'ont rendu à mes yeux moins imbu de lui-même, et cela m'a aidé à le comprendre, surtout sur son besoin d'indépendance.
Pour Anna Karénine, cela à été l'inverse. Dès le début j'ai adoré cette femme mais au fil du temps, je l'ai détesté. Certes sa douleur la change mais elle est au fond une femme méchante qui ne pense qu'à sa petite personne.
"Le journal que recevait Stépane Arcadiévitch était libéral, sans être trop avancé, et d'une tendance qui convenait à la majorité du public. Quoique Oblonsky ne s'intéressât guère ni à la science, ni aux arts, ni à la politique, il ne s'en tenait pas moins très fermement aux opinions de son journal sur toutes ces questions, et ne changeait de manière de voir que lorsque la majorité du public en changeait."
""Mettons qu'on jette un ridicule injuste sur ces hommes; quant à moi, je n'ai jamais compris que leur malheur, et les ai toujours plaints," pensait Alexis Alexandrovitch. C'était absolument faux: jamais il n'avait songé à s'apitoyer sur eux, et la vue du malheur d'autrui l'avait toujours grandi dans sa propre estime."
"Dans la question de l'émancipation des femmes, il se prononçait pour les théories les plus radicales, mais, vivant en parfaite harmonie avec sa femme, il ne lui laissait aucune initiative, et ne lui confiait d'autre soin que celui d'organiser aussi agréablement que possible leur vie commune sous sa propre direction. Il affirmait qu'on ne pouvait vivre qu'à l'étranger, mais il avait en Russie des terres qu'il exploitait par les procédés les plus perfectionnés, et il suivait soigneusement les progrès qui s'accomplissaient dans le pays."
"Elle a perdu son fils unique ! Et bien, depuis qu'elle a trouvé sa voie, son désespoir s'est changé en consolation; elle remercie Dieu de la mort de son enfant. Tel est le bonheur que donne la foi !"
En bref, j'ai adoré